La Ruche, le réseau en action des femmes francophones de Shanghai 

Soirée anniversaire 3 ans de La Ruche, Hélène Cochaux vous dit tout sur cette aventure

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Il était une fois… La RUCHE! L'histoire contée par Hélène, une fondatrice de La RUCHE lors de la soirée de notre troisième anniversaire.

Il était une fois…

La Ruche est une aventure humaine. Au commencement, il y a eu Sandra. Ensuite, moi. Très vite rejointes par Annie et Florence. Puis, Raphaëlle et Sarah. Marie et Marguerite. Accompagnées bientôt de Florence et Victoria. Récemment de Céline et Eléonore. Et depuis peu, et je l’espère pour un moment, de Frédérique et Emilie.

Et cela va sans dire car c’est l’essentiel, La Ruche, ce sont les membres de La Ruche, les Ruchettes…

Près de 500 femmes depuis 3 ans.

Il y a eu du mouvement. C’était écrit. L’expatriation est un passage. Certaines sont parties. D’autres s’en vont. Beaucoup sont toujours là. Et cela continuera.

L’histoire que je vous livre est subjective. C’est mon histoire. Ma version de La Ruche. Chacune a la sienne. La mienne a les ressorts d’un roman. Il y a un début, plutôt sombre en ce qui me concerne, une transformation et une happy end.

Je suis arrivée en Chine en 2011 en plutôt mauvais état. La sœur de mes enfants, Violaine, venait de mourir d’une leucémie. Ce cauchemar que je ne souhaiterais à personne a duré neuf mois. Peu de temps après la mort de Violaine, j’ai terminé ma vie professionnelle comme directrice commerciale pour une agence de publicité en Belgique sur un burn-out sévère lié à un épouvantable patron manipulateur et sadique dont je n’ai pas su me protéger. La possibilité de la Chine est apparue dans ce contexte. Comme une surprise. Une opportunité à saisir pour réapprendre à vivre. Pour trouver une dynamique nouvelle, à quatre.

Passés les premiers mois d’adaptation, il faut bien avouer que je souffrais terriblement de ma perte d’identité professionnelle. Aussi futile que cela puisse paraître. Non seulement, je ne parvenais pas à trouver mes marques dans cette vie nouvelle mais je désespérais de rencontrer quelqu’un, au moins une personne en fait, qui me reconnaîtrait pour ce que je souhaitais encore être : une personne avec du potentiel, un intérêt pour la vie économique et sociale en général et le désir de se réaliser.

Il faut dire que quand on est belge francophone, qu’on met ses enfants dans une école américaine ; qu’on habite dans une tour d’un compound chinois hors concession et que l’on a un mari qui travaille pour une société suédoise… On est légèrement hors sérail.

Et puis, il y a eu Sandra.

Nous nous sommes rencontrées lors d’une visite Shanghai Art-Deco organisée par le CFS, Shanghai Accueil aujourd’hui. Le courant est passé. L’humour ? Le langage ? Les valeurs ? Je ne sais pas. Comment naissent les amitiés ? Toujours est-il que Sandra qui était elle-même en plein redéploiement professionnel autour d’une activité de bilan de compétences, partageait ce sentiment de solitude. Mieux ! Ses multiples rencontres à Shanghai, lui donnaient la certitude que, non seulement cette solitude était partagée par les femmes en repositionnement professionnel « obligé », mais également par la plupart des femmes ayant une situation en entreprise ou étant entrepreneuses.

Nous aurions pu rester sur ce constat.

Et très certainement, je serais restée sur celui-ci si Sandra n’était pas visionnaire et entrepreneuse. C’est sa force. Aller au-delà…

Si aucune structure à Shanghai ne permet aux femmes de se rencontrer, quelque soit le statut, la trajectoire professionnelle,… Si rien (ou presque) n’offre la possibilité d’échanger, de se découvrir, de s’entraider quelque soit son profil professionnel… Si un tel réseau professionnel n’existe pas, pourquoi ne pas le créer !

Honnêtement, je n’ai pas d’emblée saisi la portée du projet de Sandra. Selon mes croyances de l’époque, le réseautage est une horreur ; les associations, un nid d’amateurs ; et tout rassemblement de femmes m’a presque toujours paru suspect.

J’ai d’abord été circonspecte. J’ai un esprit qui fonctionne en escalier. Il me faut un temps de décantation. Un temps d’appropriation.

Créer un réseau réellement basé sur l’entraide. Avoir la volonté d’être horizontale, non élitiste, de permettre à des femmes d’horizons différents de s’inspirer l’une de l’autre. Construire un lieu des possibles. Sandra a un enthousiasme très communicateur. J’ai dit oui. Quand les idées sont claires, je suis le meilleur des papiers quadrillés. J’ai quelques agilités à transformer un concept en plan d’action.

Nous avons donc travaillé, brainstormé. Nous nous sommes informées. Nous avons imaginé. Quelles activités ? Comment réunir ? Comment inspirer ? Sur quelles valeurs ? Comment les incarner ? Nous avons brossé les lignes. Et puis, très vite, il a fallu confronter tout cela au regard de l’autre…

L’absolue nécessité de se confronter à l’autre.

C’était une évidence. Pour être crédible sur la transversalité des profils du réseau que nous souhaitions créer, il fallait être rejointe par des femmes qui pouvaient l’incarner.

Notre powerpoint « recrutement équipe » a été présenté à Annie, d’abord et Florence, ensuite. La première étudiait le chinois en full time job. La seconde dirigeait une entreprise en communication digitale. Je n’en menais pas très large en leur présentant notre projet. Pourtant, elles ont y adhéré. Toutes les deux. Immédiatement. Florence a mis pour condition que le projet avance rapidement. Annie a souhaité se positionner sur la communication.

Nous étions maintenant quatre. La magie dans cette histoire, est qu’au-delà de nos motivations personnelles à voir aboutir La Ruche, nous avons eu la chance d’aimer nous découvrir. Quatre profils. Très différents.

A partir de ce moment-là, le bureau (qui apparaît un bien grand mot) s’est réuni autour de délicieux plats mitonnés par Florence, de bouteilles de vins, dans l’informalité du moment.

Confronter notre projet à des futures membres d’une équipe était une étape. Le présenter à des professionnelles du coaching en a été une autre. Nous avons eu des retours polis. Pas négatifs. Un peu sceptique sur le caractère transversal du public que nous visions. Oserais-je dire condescendant par rapport aux valeurs que nous souhaitions insuffler : la convivialité, l’entraide, le pluralisme. De fait, ces mots peuvent sembler creux ou galvaudés. Pourtant, quand ils sont réellement incarnés, ils sont puissants. Notre désir de créer une plateforme de rencontres et d’échanges n’a jamais eu de visée utilitariste. L’intention était généreuse. Favoriser l’ouverture à la différence était un choix. Procéder avec ce que nous étions, sincèrement, était la seule voie envisagée.

Le choix de la convivialité, de l’entraide et du pluralisme comme valeurs, aussi bateau qu’elles puissent paraître, était ce qui nous animait réellement. Nous n’avons rien changé. Et je crois, que dans notre spontanéité, nous les avons incarnées. Aussi bien que nous l’avons pu.

Puis vient la Rencontre avec notre public… Cette première soirée du 18 juin 2013. Mes retro-plannings étaient formels : le lancement devait se faire en octobre pour être fine prête. C’était sans compter sur le désir de mouvements de Sandra et Florence. Nous serions prêtes. Ou tout du moins suffisamment.

Pour cela, il a fallu convaincre une première intervenante à venir témoigner. Nous avions jeté notre dévolu sur Laetitia Charachon, fondatrice des magasins Platane. A elle seule, elle représentait l’ensemble des profils de femmes que nous souhaitions réunir. Une femme d’expatrié qui, après avoir choisi d’être accompagnatrice, s’est lancée avec succès dans l’aventure entrepreneuriale.

Nous n’avions rien. Un nom. Un projet. Une intention. C’est tout. Pourtant, elle nous a fait confiance. Elle a dit oui et s’est prêtée au jeu du premier interview. Je l’en remercie encore.

Il ne restait plus qu’à communiquer sur notre existence et rameuter les foules à cette Rencontre de lancement. Le premier mail. Nos premiers mots La Ruche. Annie, Sandra et moi avons passé une après-midi à confronter des brouillons. A trouver le ton. A s’accorder sur les mots. Le rythme des phrases. A mettre en musique notre premier coming-out.

Voilà les premiers défis. Constituer une équipe ; se confronter à des professionnels ; convaincre une première intervenante et oser dire qui nous sommes et ce que l’on veut.

Et ce fut un succès.

Pourquoi le succès est au rendez-vous

A cette première rencontre, nous étions une centaine. Les premières membres ont adhéré. Tout de suite. Nous avons en quelques mois atteint ce qui s’est avéré être notre rythme de croisière. Près de 150 femmes membres. Tous les mois. Quelques soient les départs et les arrivées. Vous êtes près de 500 aujourd’hui, à avoir adhéré au projet.

Qu’est-ce qui explique ce succès ? Très certainement, le fait que la vision de Sandra correspondait à un besoin, une attente. Aucune structure à Shanghai n’offrait cette transversalité de profils, cette possibilité de rencontre et d’échange sur des thématiques professionnelles, quelque soit l’âge, l’activité ou le niveau de responsabilité des femmes engagées. Aucune structure ne partait du présupposé que l’entraide, gratuite et généreuse, pouvait être un vrai moteur de changement et de mobilisation. Aucune ne laissait aussi à ses membres la possibilité de s’engager activement selon leurs compétences. Que ce soit le Mentorat, l’animation d’Atelier ou le témoignage lors d’une Rencontre, La Ruche a proposé à chacune de prendre la place qui lui convenait.

Très certainement, ce que La Ruche portait en elle, est la première raison de son succès. Oui, l’idée était bonne. Mais seule, elle n’aurait pas suffit… Qu’a-t-il fallu d’autre ?

La volonté de se développer dès le démarrage de la façon la plus professionnelle qui soit. De près ou de loin, nous étions toutes les quatre issues du monde de la communication. Créer une identité forte ; utiliser dès le premier mailing une image en ligne avec ce que nous aspirions être ; créer un site internet de contenu dynamique… Tout cela a certainement aidé La Ruche à prendre sa place à Shanghai. Julien Héron, notre designer, doit être particulièrement remercié pour l’accompagnement efficace et sans faille qu’il nous a apporté depuis nos balbutiements.

Sans doute, la sincérité de notre intention était tangible et la diversité de nos profils apportait une crédibilité supplémentaire à notre discours. C’est écrit dans tous les livres… Rien de tel que d’aligner ce que l’on dit être et ce que l’on fait.

Enfin, et c’est sans doute une part réellement essentielle, il y a eu les membres elles-mêmes. Un noyau dur, ou à tout le moins fidèle et encourageant. Des femmes présentes, engagées et généreuses. De cette première soirée jusqu’à aujourd’hui. Elles se sont relayées et ont donné une âme à ce réseau particulier.

Collaborer, c’est quoi exactement.

Cela fait trois ans aujourd’hui que La Ruche propose ses activités pour animer son réseau à Shanghai. Les Rencontres se sont succédées tous les mois ; les Ateliers formatifs ponctuent le calendrier de l’année ; chaque Programme de Mentorat prend de l’ampleur ; le Pôle Entrepreneuses, lancé cette année, est à la hauteur de toutes nos attentes en terme de dynamique de partages vertueux et c’est sans même parlé des Projets Collaboratifs qui voient le jour quand les occasions se présentent. Depuis trois ans, tant les activités que leurs rythmes se sont accélérés.

Dans le même temps, l’équipe a grandi. Elle a vu ses premiers départs. Florence, d’abord. Sandra et Annie, ensuite. Elle a intégré de nouvelles personnalités…

Faire de la place. Evoluer. Changer. Le bureau de La Ruche est dans un mouvement perpétuel.

Il est souvent dit (et à raison, je crois) que la particularité de La Ruche vient de son mode de fonctionnement. Dès le début, notre ADN s’est défini autour de la collaboration. Ce mot est aujourd’hui très utilisé, pour ne pas dire à la mode. Pour peu, il va finir par énerver. Mais qu’est-ce qu’il veut dire ? Quelle réalité recouvre-t-il ? C’est quoi la collaboration ?

Initialement, c’est la volonté de laisser à chaque membre de l’équipe la possibilité de s’exprimer le plus librement là où elle se sent compétente. De lui laisser le champ de l’initiative et de la proposition. Cette liberté, qui est aussi une responsabilité, va de pair avec le fait d’être soutenue et contredite par l’autre. La collaboration, c’est croire en l’intelligence du groupe. C’est aller de l’avant tout en ayant la volonté d’entendre et de comprendre l’autre. D’être à son écoute.

Grâce à ce mode de fonctionnement, le bureau de La Ruche bénéficie des apports immenses des membres qui se succèdent. Pour ne parler que de celles qui s’en vont aujourd’hui… Marie avec ces compétences analytiques a apporté une dimension très particulière et combien bienvenue à la compréhension de nos membres. Victoria a imaginé, monté, animé et enrichi le Pôle Entrepreneuses au-delà des attentes.

Chaque membre du bureau met sa patte selon qui elle est. Qui nous sommes, à quoi ressemble le réseau aujourd’hui sont définitivement liés aux personnalités riches, entières et plurielles du bureau qui l’animent.

Je dois être honnête. La collaboration, telle que nous l’entendions à quatre fondatrices, a dû être réinventée. Et il l’a été. Ensemble. Nous avons réfléchi et défini des règles, des processus de fonctionnement et de décision. Nous avons su nous réinventer pour conserver à la fois de l’autonomie et le faire-ensemble ; pour assurer à chacune une place, de l’écoute et un droit à la parole. Nous avons défini comment rester efficace tout en respectant le désir d’engagement de chacune. La collaboration, c’est un apprentissage. De soi et de l’autre. Et la bonne nouvelle, c’est que cette réinvention n’est jamais finie. La Ruche, derrière le rideau, c’est aussi cette ouverture. Ce travail silencieux lié à l’engagement de toute une équipe doit être salué et remercié.

Et le happy end?

Je rentre en Belgique par choix. La page de La Ruche se tourne. Je lui dois beaucoup. J’y ai forgé de belles amitiés. J’ai également eu la chance de rencontrer tant de femmes passionnantes, porteuses d’histoires, de désirs et d’aspirations. Elles ont été inspirantes. Etonnantes. Rassurantes. Emouvantes. Riches. Quelle chance incroyable.

Grâce à elles, La Ruche m’a permis de me reployer professionnellement. Mais, plus encore, La Ruche a été la béquille nécessaire à ma reconstruction. Lors de la création de La Ruche, j’avais profondément besoin de croire en un monde dont La Ruche porte les valeurs. Je sais aujourd’hui que c’est possible.

Alors mes plus grandes fiertés sont vos mots…

« J’ai découvert la ruche et toutes les activités à une période qui était difficile professionnellement et grâce à La Ruche et son projet collaboratif, j ai réussi à passer cette mauvaise passe, j’ai été très entourée, et j’ai regagné confiance ! Mille mercis ! »

« Un catalyseur d’énergie, d’initiatives et de tempérament. Du souffle et de bons moments. Merci la Ruche » 

« La Ruche m’a fait découvrir de près ou de loin des femmes extraordinaires, au parcours si inspirant que je suis toujours ressortie de ces rencontres avec des ailes dans le dos et un grand sourire sur mon visage. Merci ! »

« Un super accueil des membres et une rencontre incroyable qui a changé ma vie par le mentorat » 

« Une réelle découverte de soi et des autres ! »

« Bravo les filles !!! Continuez ! Ce que j’aime le plus, au final, c’est cette ambiance très positive sans être mielleuse. Equilibre pas si facile à atteindre, mais vous y êtes arrivées ! »

« Un environnement bienveillant qui me permet d’être moi-même quoiqu’il arrive dans ma vie professionnelle – merci pour votre énergie, votre temps, vos bonnes idées et votre bonne humeur les filles ! »

Merci pour ces trois belles années.

Merci à Marie et Victoria.

Merci à l’équipe qui continue à porter le flambeau. Sarah, Marguerite, Florence, Céline, Christine, Eléonore, Emilie et Frédérique.

Hélène Cochaux

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