La Ruche, le réseau en action des femmes francophones de Shanghai 

18 septembre 2015 – Aline Renard Wang – General Manager chez Pramex International (Shanghai) – Groupe BPCE

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L’étude les langues, la Chine, une vieille histoire?

Aline Renard Wang étudie le chinois dès l’âge de 14 ans au lycée, puis grâce au CNED auquel elle était familiarisée après avoir vécu en Côte d’Ivoire. Elle est attirée par cette langue, ses caractères, et la culture chinoise.

Aline étudie ensuite à Paris (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) ou elle décroche une maitrise d’anglais et une formation de professeur de français langue étrangère, puis a la recherche d’un cursus plus axe sur le monde de l’entreprise que celui du professorat, elle poursuit ses études avec un DESS Franco-chinois de management à Nantes en 1996.

Au cours de ce DESS, Aline part 6 mois en Chine, dont quatre a Shanghai pour étudier le Chinois. Elle qui imaginait temples, jardins zens et pagodes se trouve plongée dans Shanghai, grande ville en pleine expansion ou la population parle plus Shanghaien que mandarin. Mais Aline est séduite.

Apres cette première aventure chinoise et six mois de stage en entreprises (Air liquide département finances), Aline rentre en France décrocher son diplôme et cherche un poste qui lui permette de retourner vivre en Chine. En parallèle, elle travaille à Paris comme professeur de français « langue étrangère » pendant une année.

 

1998 : première expérience dans un groupe français : Alcatel

Aline est embauchée par entretien téléphonique chez Alcatel Cables Shanghai pour un CDD de 6 mois. Sa mission est d’écrire un guide des bonne pratiques pour expatries, Alcatel employant une vingtaine d’expatries. Ce guide permettait aussi aux ressources humaines de mieux saisir le contexte chinois. A la fin de son CDD, Aline recherche de nouveau un travail, en Chine.

Un de ses contacts a Alcatel l’oriente sur la Chambre de Commerce de Pékin qui a l’époque est une structure privée (association loi 1901, sans but lucratif). Sa mission sera d’ouvrir le bureau de la Chambre de Commerce à Shanghai.

1998-2002 : La CCICF à Shanghai, une mission économique, un exercice diplomatique : 

Tout d’abord hébergée par Ubi France dans des locaux exigus, la CCICF déménage un an plus tard dans un réel bureau mitoyen d’ERAI et Aline devient la première salariée à plein temps sur Shanghai.

La mission d’Aline a la CCICF est de structurer les adhésions, de développer les activités pour les membres et d’offrir des services aux entreprises (études de marché, domiciliations d’entreprises…).

Jeune et pleine d’idéaux elle est pour la première fois confrontée à la réalité du monde des entreprises, qui sont souvent de grandes entreprises aux contacts étroits avec le monde politique, car au sein de la CCICF, grand patrons côtoyant membres élus. Les 3 ans passes a la CCICF, lui permettent d’avoir un œil lucide et averti sur la sphère économique de Shanghai et de développer un réseau tant dans la sphère économique que politique.

En 2002, Aline se sent à une charnière, et décide de rentrer en France. Elle à 26 ans, 5 ans de Chine à son actif et laisse à la CCICF une structure rentable dotée de 3 salaries, c’est une belle réussite.

La rentrée en France, les embuches du retour au pays, et un premier poste chez PRAMEX : 

Aline rentre en France et forte de son expérience cherche un poste avec des responsabilités à l’international. Bien que préparée mentalement aux aléas du retour, une fois rentrée elle se heurte à un calendrier peu favorable (vacances d’été), aux incohérences administratives françaises, et a un réseau professionnel local réduit.

Elle décide alors de répondre à une annonce de Pramex, filiale de BPCE, une entreprise de 150 personnes qui aide les entreprises françaises à élaborer leur stratégie d’internationalisation, notamment avec le montage de filiales, de partenariats stratégiques et la prospection commerciale.

Aline qui cherchait un poste à l’international est retenue pour une position à Dijon recouvrant la Bourgogne et le Massif central, puis elle est nommée en Alsace à Strasbourg. Le retour en France dans une région ou se sent isolée est difficile. Après 6 mois, Aline fait une demande de changement d’affectation, et retourne en Ile de France ou elle reste jusqu’en 2008.

Au moment où elle décide d’évoluer au sein du groupe et fait une demande de mutation pour rejoindre la COFACE (assurance-crédit), Pramex cherche quelqu’un pour ouvrir son bureau à Shanghai, Aline saisit l’occasion de retourner en Chine.

Mars 2008, des retrouvailles heureuses avec la Chine après 6 ans d’absence :

Entre 2002 et 2008, Shanghai a beaucoup change, mais contrairement à la rentrée en France, ces changements sont intègres après une semaine. Elle a encore un réseau à Shanghai, elle connait la ville qui ne connait pas de temps mort, le rythme de vie différent et elle s’y réadapte très vite et avec plaisir.

Ses postes chez Pramex en France lui ont permis de comprendre le fonctionnement de ses clients dans de nombreux secteurs, elle est ravie de passer de l’autre côté de la barrière et de voir comment sont suivi les projets des clients qu’elle démarchait sur le terrain. Le bureau est en 2008 compose de 5 personnes, et Aline devient manager de la structure en 2011 ou elle supervise alors les 10 employés uniquement chinois.

2008-2015 l’évolution de l’implantation des entreprises françaises en Chine

La mission de Pramex auprès de ses clients était majoritairement l’étude de marché et l’aide à la création de filiales. Cette mission a évolué et de plus en plus Aline travaille sur des projets de partenariats entre entreprises françaises et entreprises locales et projets d’acquisitions de structure chinoises.

Elle voit les demandes évoluer, celles-ci sont moins nombreuses, mieux préparées, et cela est concomitant a un gros travail d’éducation effectué par Ubi France et la Chambre de commerce.

Les entreprises inscrivent leurs démarches dans le long terme et ont pris conscience que le « ticket d’entrée » en chine est onéreux en termes financiers humains, et de temps.

Les secteurs d’activités évoluent aussi et aujourd’hui le retail et la distribution agroalimentaire, la sante, le tourisme, ainsi que les entreprises dans le domaine du digital sont plus dynamiques que d’autres.

De par ton expérience, quelles sont les conditions d’une implantation en Chine Réussie.

-Il faut du temps. Le CEO doit venir en Chine au minium 3 fois par an car il est indispensable de se rendre sur place pour prendre conscience de l’échelle chinoise. D’autre part le temps est essentiel à l’équipe pour une bonne compréhension de son secteur et de l’environnement concurrentiel.

-En parallèle de ce temps d’installation, il faut aussi gérer le rythme rapide de la Chine sans pour autant se précipiter, et il faut accepter des phases de croissances, et être conscient que celle-ci va se heurter a des seuils critiques qu’il sera nécessaire d’anticiper.

-Il faut accepter de redémarrer de zéro, quel que soit sa position sur son marché national car le marché en chine est international et hyper concurrentiel, les entreprises ne sont pas seulement en concurrence avec les entreprises chinoises ou d’autres entreprises françaises, mais avec des structures européennes, américaines, asiatiques…

-Il faut avoir une stratégie intelligente et efficace du personnel : toujours avoir un français dans l’équipe (les VIE – volontariat international en entreprise-sont d’une aide précieuse), puis une équipe chinoise

– il faut des fonds conséquents : malgré sa baisse de rythme de croissance le ticket d’entrée en Chine augmente.

Quel est ton regard sur les femmes en entreprises en Chine ?

En Chine, les femmes sont plus présentes au niveau du top management qu’en France où il y a une absence de mixité.

Tu es également très active pour l’Association des Familles Franco-chinoises (AFFC) , peux-tu nous en dire plus ?

Les unions franco-chinoises ont le vent en poupe : plus de 300 mariages franco-chinois par an, en ne comptant que la circonscription de Shanghai. C’est pour ces couples que l’Association des Familles Franco-Chinoises de Shanghai a été créée fin 2009, pour se rencontrer et échanger, pour s’informer sur les démarches administratives et porter connaissance des problématiques particulières au consulat.

http://affc-shanghai.com/

Interview : Hélène Cochaux

Compte-rendu : Sarah Ouvray

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